365 jours de Romeo’s
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À la fois le meilleur et le pire moment de cinéma:
Natalia: Tragic Mike! (Magic Mike's Last Dance, de son vrai titre.) Le meilleur parce que, passer un après-midi dans un cinéma vide avec Mélodie et Marilu qui crie «Channing Tatum!!!» chaque fois que «Channing Tatum!!!» apparaît à l’écran, c’est quand même magique. Le pire parce que… ben, le film. C’est quétaine et chaotique et le message de cette fin (doigts croisés) de trilogie semble être que… euh… que les danseurs érotiques ne sont pas vraiment des danseurs? What? Rien n’a de sens là-dedans - pas même les choix chapeliers de Salma Hayek.
Mélodie: C’est tellement rare que je vais au cinéma, que c’en est une fête chaque fois, surtout grâce à Natalia et aux litres de beurre dans notre popcorn.
J’ai adoré Barbie et j’étais super heureuse de faire semblant d’être Barbie Autrice, en posant avec mon étui d’ordinateur Betsey Johnson. La trame sonore du film a été la trame sonore de toutes mes promenades. Si la chanson de Dua Lipa était dans les trois premières, je passais inévitablement une chouette journée. Sinon, je priais.
Pour les séries télé, je n’ai pratiquement rien regardé sauf les Housewives de Beverly Hills, de Potomac, de New York et d’Atlanta.
Livres coups de coeur:
Natalia: J’ai adoré Aesthetica d’Allie Rowbottom qui s’inspire vaguement de la vie d’Alexis Ren, influenceuse reine de 2015, pour capter le caractère éphémère et intraitable d’IG. Allie a dit que si son livre était adapté à l’écran, elle aimerait que l’ex-actrice pornographique Chloe Cherry joue le rôle principal. C’est vrai que ce serait parfait.
Parfaits aussi: The Guest, d’Emma Cline, et sa réflexion sur le labeur invisible. Et Que notre joie demeure de Kevin Lambert. En fait, tout de Kevin Lambert. Sa répartie, chacune de ses interventions brillantes dans les médias - dont certains voulaient pourtant le déchiqueter en morceaux -, sa résistance face à la volonté crasse de récupérer son propos, sa façon de mettre en lumière les maux qui détruisent Montréal et la rendent inhabitable et hostile pour ceux qu’elle devrait pourtant protéger.
Et, au sommet de tout, et pas juste de 2023, La Version qui n’intéresse personne de Pierrot Emmanuelle. Notre rencontre avec elle, que nous publierons bientôt, m’a fait aimer encore plus, si telle chose est même possible, ce livre absolument exceptionnel signé par une écrivaine absolument exceptionnelle.
Mélodie: La Version qui n’intéresse personne, parce que je n’ai jamais eu autant envie de crier génie génie génie en lisant un livre, sauf, peut-être, quand j’avais seize ans et que je lisais L’Hiver de force de Réjean Ducharme en mangeant moi aussi des clémentines comme les Ferron. Je ne sais même plus si j’aimerais encore autant Ducharme, mais il y a quelque chose dans les deux livres qui nous prend au cœur, qui expose notre propre vulnérabilité et nos espoirs déçus.
Je n’ai pas encore terminé la correspondance de Chloé Savoie-Bernard, Alice Michaud-Lapointe et Valérie Lebrun dans Épines et pierres précieuses, mais ce livre a alimenté ma réflexion sur l’amitié et sur mes sentiments mitigés par rapport au monde universitaire. «Ma relation à l’université est teintée de colère, d’étonnement distancié, elle est le poster de l’expression "disappointed but not surprised".»
Quand j’ai étudié en littérature, j’ai été déçue. Je trouvais tout difficile, alors que je ne voulais que lire et écrire. J’avais l’impression de m’enfoncer dans des endroits qui ne seraient jamais les miens: les classes, les revues littéraires. J’avais envie de remettre mes dissertations en retard, avec mille excuses et autocollants d’étoiles.
Maintenant, à la maîtrise, vingt ans plus tard, je n’ai plus la même impression d’être déplacée, mais il y a quand même la contrainte de mesurer quelle place je peux prendre, et laquelle délaisser.
J’ai lu beaucoup de mangas cette année, pour adolescents et pour adultes. Tous les numéros disponibles de La Cantine de minuit. Le Gourmet solitaire. Et Don’t fake your smile, une romance troublante, avec des références au féminisme, au coming out et aux répercussions d’agressions.
La plus grande déception:
Natalia: Substack qui semble chérir les néo-nazis. Ce n’est pas comme si on avait encore confiance qu’une plateforme tienne réellement ses promesses de «faire les choses différemment» et ne finisse pas par trahir un jour ses usagers, mais quand même. Fuck Substack pour ça.
Et puis l’essai Extremely Online, de Taylor Lorenz. Rarement aura-t-on vu une telle dissonance entre la promotion d’un livre et le livre en lui-même. Je veux dire… l’ouvrage promettait de rendre enfin aux pionnières de l’internet la place qui leur revient. Il a plutôt porté aux nues des abrutis reconnus pour leur contenu misogyne et effacé toute forme de sex work de l’histoire du web. Accablant.
Mélodie: Apprendre qu’un prof de français de mon école secondaire refusait que mon nom apparaisse dans la publication qui recense les accomplissements des anciens élèves. Car peu importe ce que je fais et ferai, je suis, pour lui, une ex-escorte, comme si ça me privait d’être une personne, comme si ça privait quiconque dans l’industrie d’être aimée, respectée, considérée.
Je prie quand même pour lui. J’espère qu’il est heureux.
J’espère que tout le monde est heureux. Beaucoup de proches ont vécu des pertes importantes cette année.
Stars de l’année:
Natalia: Toutes les amies, celles qui visitent Red Deer et celles qui adorent Dolly Parton et celles qui fument sur le comptoir. Aussi: Pamela Anderson qui reprend le contrôle de son histoire.
Mélodie: Barbada, qui promeut le respect, l’estime de soi, l’écoute.
Mon amie Valérie enfermée trois heures dans un garde-robe de concierge, pendant un exercice de tireur dans une école primaire.
La meilleure des boissons:
Natalia: Peu de choses sauraient surpasser un Champagne cocktail dans notre coeur. Classique éternel. Mais les mocktails montréalais Romeo’s ont marqué tellement de moments de Nouvelles intimes cette année! On en a bu ensemble tout le temps: en discutant, en écoutant du Snow Strippers, en soupant aux céréales, en visionnant le documentaire sur Anna Nicole Smith… Merci pour ça.
Mélodie: Les Romeo’s et les margaritas sans alcool de Bluff m’ont rendue heureuse tout l’été. Et n’importe quoi pris après notre cours de pole dancing, même si la couleur était grise.
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