Photos: album Facebook de Noël 2009
Texte par: Mélodie Nelson
Je ne sais pas comment l’écrire, pour que ce soit juste, pour que je ne semble pas trop égoïste, sensible, matérialiste.
Quand j’étais escorte, j’avais l’attention de tous les hommes qui me choisissaient.
Je quittais l’appartement dans lequel je travaillais et je ne souhaitais plus être visible.
Je ne me maquillais pas, je portais de longues jupes, des sandales achetées trois dollars dans le quartier chinois et des jeans de chez Old Navy. J’étais plus qu’une girl next door, j’étais la cousine geek de la girl next door, qui porte les cheveux toujours détachés et brillants, simplement parce qu’elle ne sait pas se coiffer et qu’elle aime trop Julia Stiles dans Ten Things I Hate About You.
Je voulais pourtant l’attention et l’affection de l’homme avec qui j’étais en couple à ce moment-là. Et cette attention, je la lui avais demandée comme ça : « Donne-moi un cadeau. » Je ne demandais rien de démesuré. Je pouvais m’acheter ce que je voulais et je ne voulais pas grand-chose sauf des bijoux en boutons (je n’étais pas le type de fille à porter des perles en mangeant un croissant).
Je me souviens encore de ce qu’il m’avait offert : un miroir compact, stylisé avec un cœur à la Keith Haring, acheté au Archambault où il travaillait comme libraire. Ça m’avait touchée, ce petit objet dans lequel me regarder, m’assurer que j’étais toujours là, mes yeux, verts quand je pleurais. Un objet qui nous liait étrangement. Notre relation, une question de survie, de se trouver dans l’autre, de tendresse et d’apparence sublimée.
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