C’est le retour de notre sélection - inspirée par l’approfondi Audacious Roundup - d’articles, de podcasts, de séries, de biographies, sur le travail du sexe, sur la pornographie, sur l’intimité, sur les tabous - et sur bien d’autres sujets encore, comme les célébrités, les téléréalités, les choses qui nous fâchent, qui nous fascinent, qui nous font du bien, qui nous font rire.
Dans cette édition: vive Alexxa, Aella, Emma, Dakota, Alice et MARCEL!
Bonne lecture!
- Mélodie et Natalia X
Il faut trouver le Summum avec Alexxa Von Hell sur la page couverture (moi c’était au dépanneur du monsieur qui porte toujours de beaux chandails de laine) (c’est Mélodie qui écrit ici). Les photos, prises par Carl Thériault, au Manoir Black Swan, sont sublimes. Dans son entrevue, Alexxa Von Hell révèle ce qui la rend heureuse (son bouledogue français Marcel, entre autres).
Ce n’est pas un film sur le travail du sexe, mais. Ce n’est pas non plus un film sur les hommes qui veulent emprisonner, tuer, sauver ou trop aimer les femmes lorsqu’elles deviennent indépendantes ou curieuses, mais. Les costumes sont fabuleux.
En fouillant récemment dans mes tonnes de brouillons, de notes, de morceaux de phrases, d’infos sauvegardées, d’idées à moitié formées et de paragraphes dispersés (c’est Natalia qui écrit ici), je suis tombée sur des liens que Mélodie m’avait envoyés en 2021 pour un éventuel article. Certains ont expiré (je n’ai malheureusement jamais retrouvé la recette de macaronis au four que ma collègue disait avoir préparée en suivant, coeur, une recommandation de Chloé Savoie-Bernard), mais d’autres demeurent d’actualité (bien qu’OnlyFans soit revenu, petite victoire, sur sa décision de bannir la pornographie). Comme cette prière de cesser de demander aux travailleuses du sexe de réparer le travail du sexe ou cette réflexion sur l’éthique entourant la sauvegarde des nudes de son ex.
Un podcast qui célèbre les forces des travailleuses du sexe, leur ténacité devant le rejet, les secrets de vestiaires et de ruelles. Leurs histoires. Ce qui leur appartient et qu’on leur reprend. Elles sont partout. Elles sont toujours là.
De l’importance de bien, bien, bien planifier son gang-bang d’anniversaire.
Ce livre est fascinant/insupportable/insoutenable/mystifiant/magnétisant. Ce livre est l’autobiographie Everything/Nothing/Someone d’Alice Carrière et il est vraiment tout ça. (Merci infini, Valérie M., pour le prêt et pour la suggestion.) (C’est Natalia qui écrit ici, mais Mélodie te remercie aussi.)
Nous ne savons pas ce qui est le plus déroutant d’apprendre: que Kim Basinger soit aussi mal à l’aise dans un stripclub ou qu’elle mette des glaçons dans son Pinot gris.
Dans un tout autre ordre d’idées, mais quand même: combien de révélations de ce genre, encore, avant que le choix d’avoir recours à l’entreprise squalide qu’est Amazon devienne réellement socialement honteux?
Dakota Johnson a haï 50 Shades, la fausse gentillesse d’Ellen DeGeneres et les pyramides de limes avant tout le monde. Elle ne semble pas très fan du film Madam Web, dans lequel elle joue pourtant, non plus.
Le nouveau livre de Leslie Jamison est sorti. C’est une série d’essais qui parlent de maternité, de création, de félicité, de deuil, de mariage brisé, de Cheerios sur le plancher, de monotonie. En entrevue, l’écrivaine, elle, parle déjà de son prochain: un récit sur les rêves éveillés.
La poète et écrivaine Azucena Pelland partage son temps entre l'engagement social et le yoga. Avec l’autofiction théâtrale Ambulance du last-call, suivi d’Écrire comme geste de disparition, elle souhaitait aborder la toxicomanie des femmes. «Ça demeure à mon sens encore tabou si l'on compare avec la littérature sur les enjeux en santé mentale. Lorsqu'on vit avec une dépendance et qu'il nous arrive quelque chose, le poids de la honte fait en sorte qu'on gaslight soi-même notre histoire, notre place en littérature ou notre place à l'université», explique-t-elle.
Lire Pelland permet d’assister aussi à son processus d’écriture, accompagné de textes qui l’ont inspirée, comme ceux d’Elfriede Jelinek, de Sarah Kane et, dans cet extrait, de Shakespeare :
«Dans sa pièce, Titus Andronicus, Shakespeare met en scène une tragédie de la vengeance. Lavinia, la fille de Titus, est violée sur le cadavre de son mari. Suite à son agression, on lui coupe les mains et la langue afin qu’elle ne puisse jamais se laver ni dénoncer ceux qui l’ont souillée. Elle réussit plus tard dans la pièce à tracer dans le sable ce qui lui est arrivé à l’aide d’un bâton dans lequel elle mord et qu’elle coince entre ses moignons. Son père la tue, car la honte du viol de sa fille est trop lourde à porter.
Tenter d’écrire sur l’évènement, c’est se retrouver comme Lavinia avec des mugissements à la place des mots, de l’écume aux lèvres à la place des phrases. Il n’y a pas de sens, que des bruits indistincts et urgents. L’écriture se tient maladroitement dans le lieu de la déchirure, de cette blessure qui s’écrit en débordant des marges, qui se hachure elle aussi dans une série de va-et-vient, de rapprochements et d’éloignements, de coïncidence et de distance avec l’évènement, de vision et d’aveuglement. Parce que c’est une parole qui s’échappe, c’est une parole qui est elle-même dans un processus de disparition, dans un mouvement entre perceptibilité et invisibilité.»
Tout en montrant comment les figures masculines de pouvoir ne peuvent protéger les enfants secrètes et les femmes-spectres, Pelland offre l’espoir d’une sororité.
Ce texte fait partie de Nouvelles intimes, un espace de liberté et d'exploration de sujets plus tabous en société. Pour ne manquer aucune édition de cette infolettre signée Mélodie Nelson et Natalia Wysocka, et pour lire nos parutions précédentes, suivez-nous sur Instagram au @nouvellesintimes et abonnez-vous au nouvellesintimes.substack.com. Des commentaires, des questions, une histoire à nous partager? Écrivez-nous au nouvellesintimes@gmail.com.