Photo par: Ian Hutchinson/Unsplash
Texte par: Natalia Wysocka
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Cette semaine, beaucoup de bouleversements en Cour, en cours, et à venir.
On croise les doigts pour que le meilleur en ressorte (on le sait, on vit d’espoir).
La semaine prochaine, la Cour Suprême des États-Unis se penchera sur la Section 230 du Communications Decency Act dans le cadre de Gonzalez v. Google. La fameuse section 230, évoquée chaque fois qu’il est question, notamment, de pornographie en ligne et de responsabilité. La première brèche à ce texte fondateur (inspiré par la bande par le vrai Loup de Wall Street), est survenue en avril 2018, lorsque Donald Trump a signé les lois FOSTA-SESTA, censées contrer le trafic humain (mais ayant vraisemblablement eu l’effet inverse). La décision de la Cour Suprême pourrait, sérieusement, complètement chambouler l’internet tel que nous le connaissons aujourd’hui. C’est immense, c’est épineux, et c’est super bien expliqué ici.
Depuis le début de la pandémie, puis la parution de la chronique de Nicholas Kristof The Children of Pornhub, dans le New York Times, nombre de nouvelles voix disant «lutter contre le trafic humain» sont apparues sur les réseaux sociaux, réclamant des dons, disant aider les victimes. Parmi les plus vocales, celle d’Eliza Bleu, devenue en un éclair une figure de proue du mouvement, endossée par moult médias américains, surtout de droite, au micro desquels elle a fréquemment raconté avoir été trafiquée par un cossu producteur de L.A., par des gangs de rue à Chicago, et par des mécréants influents dans des manoirs de Beverly Hills «avec des personnes transgenres». Sauf que.
D’ailleurs, en novembre dernier, la journaliste techno Taylor Lorenz racontait comment une nouvelle application, censée aider les jeunes à se soutenir l’un l’autre, avait faussement été accusée de servir au trafic sexuel. Invitée à commenter, la reporter Emily Dreyfuss avait remarqué: «Cette perception de la présence d’un cercle infâme de groomers et de trafiquants sexuels est une idée virale dans l’ère du temps. (...) Ce sont les conditions idéales pour créer une panique morale.»
Parmi les effets les plus délétères de la criminalisation, il y a la crainte de parler de ses expériences négatives dans le travail du sexe, par peur de voir son histoire reprise et utilisée pour pousser une idéologie abolitionniste. Espérant éviter de tels écueils, Taylor McCue a créé l’encensé-controversé poignant-troublant jeu vidéo He Fucked the Girl Out of Me pour raconter son passage dans l’industrie.
Le PDG sortant de Visa qui, après la parution de l’article de Nicholas Kristof sur Pornhub et le tollé qui s’en est suivi, a empêché l’utilisation des cartes de crédit de sa compagnie pour acheter du contenu publié par des usagers sur le site de Mindgeek, jure aujourd’hui ne même pas avoir lu l’article de Nicholas Kristof. Huh.
La journaliste Melissa Gira Grant passe sur Ghost pour offrir ses réflexions sur l’état du monde, sur la violence envers les travailleuses du sexe et sur les difficultés à traduire des situations complexes à l’écrit.
OnlyFans essaye désespérément de se dissocier de l’industrie qui l’a pourtant propulsé au sommet, en assurant, promis, promis, ne pas vouloir s’en dissocier, épisode 8756.
C’est la fin d’une époque, et c’est Erreur 404 pour Stripperweb, là où il était possible de parler librement du travail dans les clubs sans utiliser des mots code comme $tri**er par peur de se faire bannir.
En Angleterre, le débat sur la vérification de l’âge pour regarder de la pornographie en ligne fait rage. La tendancieuse tendance du contrôle de l’identité s’étend aussi de plus en plus aux États-Unis. Alors que des idées similaires sont proposées au Canada, les discussions semblent moins musclées et médiatisées. Elles devraient pourtant l’être.
Du reste, les ados que l’on tente tellement de «protéger» ont compris ce que plusieurs sénateurs soumettant des lois dangereuses refusent de comprendre: la porno, c’est aussi du cinéma.
Parlant de cinéma: daddy issues, really?
«Criminaliser les relations sexuelles entre adultes, volontaires et consensuelles - y compris l'échange commercial de services sexuels - est incompatible avec les droits humains à l'autonomie personnelle, à la dignité et à la vie privée», rappelle dans une lettre ouverte Amnesty International aux députés européens.
Attention aux titres de journaux clamant que des «réseaux de prostitution ont été démantelés», prévient Elizabeth Nolan Brown. Derrière le démantèlement se cachent parfois des combines, de la manipulation, et des demi-vérités.
Et offrir un rencart avec ses amies dans un encan, sans leur consentement, même pour une bonne cause, ce n’est pas l’idée du siècle, Richard.
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