Lettre ouverte du PIaMP
"Nous considérons que ces jeunes ont besoin de soutien et d’outils afin de reconnaître de potentielles situations d’abus et de violences."
Nouvelles Intimes publie ici la lettre ouverte du PIaMP, dans toute son intégralité. Nous soutenons le PIaMP et espérons que cette lettre permettra un partage de connaissances qui nous sortira de la désinformation et des craintes actuelles. S’il est normal d’avoir peur de ce que nous ne comprenons pas, il est à espérer qu’aller au-delà de nos peurs amène un temps de pause, de réflexion et d’écoute.
Les captures d’écran viennent de la page Instagram du PIaMP.
Lettre ouverte du PIaMP en réponse à la motion du 4 décembre 2024
Le 5 décembre 2024,
En réponse à la motion proposée par Paul St-Pierre Plamondon, député et chef du Parti Québécois, et adoptée à l’Assemblée nationale le 4 décembre dernier, le PIaMP, les jeunes que nous représentons, ainsi que nos allié.e.s, tenons à commenter la mésinformation actuelle qui circule à notre sujet en présentant les services que nous rendons à la population et leur portée auprès des jeunes qui échangent des services sexuels.
Depuis plus de 40 ans, le PIaMP accompagne les jeunes qui échangent des services sexuels et ce, avec une approche de réduction des risques. Notre mission est “d’écouter, de supporter et d’accompagner dans leurs démarches toute personne âgée de 12 à 25 ans qui échange ou est susceptible d’échanger des services sexuels contre toute forme de rémunération. Nos services s’adressent non seulement aux jeunes, mais aussi à leurs proches et aux professionnel·les qui souhaitent obtenir du soutien dans leurs interventions.” En ce sens, le PIaMP adopte une position pragmatique face aux échanges de services sexuels en considérant que de tels échanges, peu importe les politiques mises en place, demeurent présents dans notre société. Nous considérons donc que ces jeunes ont besoin de soutien et d’outils afin de reconnaître de potentielles situations d’abus et de violences, souvent plus subtiles que ce qui est représenté par les médias sensationnalistes. Ainsi, en adoptant une vision qui se rapproche de la réalité des jeunes, notre organisme réussit à rejoindre une population spécifique qui refuse les services utilisant le vocabulaire de l’exploitation sexuelle. Nous sommes parfois la dernière maille du filet pour ces jeunes.
Un des mandats du PIaMP est de créer des ressources éducationnelles à l’attention de jeunes qui sont à risque ou qui échangent déjà des services sexuels. Les fausses informations qui circulent sur le Sugaring, facilement accessibles sur les réseaux sociaux, peuvent peindre un tableau très attrayant de cette forme d’échange de services sexuels, la dépeignant plutôt comme une relation amoureuse avec bénéfices. Pour les personnes qui n’ont accès qu’à l’information présentée sur ces médiums, il peut alors être difficile de connaître réellement en quoi consiste cette pratique. Notre guide Sugaring sert donc à informer les jeunes (et les moins jeunes) sur la réalité de cette pratique, ainsi qu’à promouvoir leur sécurité en leur donnant des outils concrets : savoir mettre ses limites, être capable de s’affirmer, prendre conscience de la manipulation, ne pas rester isolé.e, etc. Notre accompagnement vise alors à fournir aux jeunes les informations nécessaires et nuancées afin de prévenir tous risques associés aux échanges de services sexuels.
Notre travail est toutefois beaucoup plus large. Ainsi, dans le cadre de notre mission, nous offrons également aux jeunes un local leur permettant de socialiser et de parler à un.e intervenant.e, du travail de rue nous amenant à nous déplacer à la rencontre de ces jeunes dans leurs milieux afin de leur fournir du matériel de protection, une banque alimentaire pour les soutenir dans leurs démarches et diverses activités visant leur socialisation et leur réinsertion sociale.
Nous tenons à préciser : La réduction des risques, ce n’est pas une incitation à la prostitution. Offrir de l’information nuancée, ce n’est pas une incitation à la prostitution. Reconnaître que les jeunes peuvent retirer des choses positives et négatives des échanges de services sexuels, ce n’est pas une incitation à la prostitution. Nous croyons fermement que la prévention et l’accompagnement sont la clé afin de favoriser réellement le bien-être et la sécurité des jeunes. Nous espérons ainsi pouvoir continuer notre mandat qui nous apparaît des plus essentiels.
Nous trouvons inacceptable qu’un membre parlementaire et candidat au rôle de Premier Ministre tienne des propos comme ceux tenus durant la journée du 4 décembre. M. Saint-Pierre Plamondon a réussi à faire passer une motion à l’Assemblée nationale sans avoir pris connaissance de l’historique de l’organisme et des services offerts par ce dernier. Il n’a pas considéré l’opinion des principales personnes concernées, c’est-à-dire les jeunes et les intervenant.e.s travaillant auprès d’elleux. Ces propos se veulent incendiaires et ne font qu’encourager la panique morale auprès des québécois.es. Cette prise de position reproduit plutôt les violences contre les personnes qui échangent des services sexuels et risque de vulnérabiliser davantage des personnes déjà en situation précaire.
Toute l’équipe du PIaMP et son conseil d’administration.
Afin de voir qui soutient l'effort collectif du PIaMP, merci d'utiliser ce lien : : https://docs.google.com/spreadsheets/d/1Nu_VJRNp0FxBulRMEQ5HJq_56uVuGEpgJtNPM8LLJjg/edit?usp=sharing
Décevant que PSPP (et le reste des membres de l'Assemblée nationale) prenne cette orientation. La réponse du Piamp est claire et posée, et sa mission mérite soutien, pas du discrédit. Peut-être les parlementaires ont-ils été mal informés. Merci à Nouvelles Intimes de faire écho à l'oeuvre de Piamp.