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Les fantasmes ultimes
«L’abstinence. Pas comme dans "attends le mariage, pécheresse", mais plus comme dans prendre le temps de se connaître.»
Texte par: Mélodie Nelson
Quand j’étais au secondaire, j’écrivais des critiques musicales, des résumés de marathons et l’horoscope du journal étudiant. J’ai par la suite écrit de la poésie saupoudrée avec humilité des «affres de l’insoutenable », puis commencé un blogue, encouragée par un couple d’amis avec qui je buvais des kirs royaux et regardais des sketchs de RBO. Deux ans après, je publiais un premier livre. Un des éditeurs est devenu rédacteur en chef pour Canoë et m’a estimée assez intéressante pour écrire des conseils, chaque semaine, destinés à un lectorat masculin.
Une de mes chroniques était sur le fantasme ultime à réaliser. En la relisant, j’ai pensé qu’il serait passionnant de poser à nouveau la question. Les réponses reçues sont diverses, mais plusieurs tendent vers une intimité réconfortante. Je ne sais pas si c’est le contexte pandémique, l’intensité d’une partie du lectorat de Nouvelles Intimes ou simplement que la tendresse restera toujours sous-évaluée qui a précipité ces idées.
Toutes les réponses restent la manifestation d’une générosité incroyable, pour laquelle je ne peux qu’être reconnaissante.
«Je rêve d’enfouir mon nez dans des seins qui sentent l’abricot. Jouir parce que deux personnes habiles et coordonnées me caressent les mamelons et le sexe avec leurs doigts et leur bouche. Jouir en fontaine. Laisser mon meilleur ami me faire du sexe tendresse et le mordre en retour.»
«Ces temps-ci, c'est vraiment faire l'amour un matin avec la personne avec qui je serais en couple depuis vingt ans. La relation longue. Mon fantasme le plus funky.»
«Tristement, une dernière fois avec l'un de mes exs. Pour avoir le vrai closure que je mérite. Du gros sexe sale, puis me faire dire que c'est la fin pour de bon.»
«Trouver une belle demoiselle qui aimerait jouer ma petite soumise lesbienne. Que j'attacherais et que je ferais jouir jusqu'à ce qu'elle coule comme un érable au printemps et je me délecterais de son nectar!»
«Faire l’amour à un homme que j’aime et qui m’aime. Ou soumettre une femme mariée avec ma langue.»
«Avec deux jeunes enfants, mon fantasme utopique ces jours-ci c'est juste de trouver deux minutes pour un quicky sans s'endormir.»
«Faire l’amour endormie au milieu de la nuit sans savoir si c’est un rêve ou une réalité.»
«Réalisé : le faire sur un hood de char chaud pendant qu'il pleut des cordes.»
«Revivre une orgie de travail, avec autant de femmes, de queers et de travailleuses du sexe que de mecs, dans un bel environnement, une ambiance ludique et sexy. Pouvoir y être tantôt voyeuse, tantôt participante à fond! Je garde le souvenir de m'être fait chanter bonne fête en même temps qu'un ramonage en règle sur la banquette du salon-cuisine, je rêve toujours de fous rires orgiaques et de porno en temps réel.»
«Pegging avec un petit monsieur à 4 pattes.»
«Mon rêve le plus fou serait de prolonger mon expérience polyamoureuse: vivre dans une poly-house, où tout le monde s'aime à des niveaux variables, et où on peut être libres de changer de lits tous les soirs. Je suis en train d'essayer de m'acheter une maison en ce moment, et j'avoue que le marché actuel apporte un argument supplémentaire à mon rêve!»
«Faire l'amour à un jeune prêtre.»
«Je te dirais que j'ai vécu un des forts moments de ma sexualité le weekend dernier, les enfants étant partis pour deux nuits. MDMA, champagne, des caresses pendant des heures, exploration, switch, des fessées, des langues un peu partout, des plugs, des vibro, tout y est passé. On a ri, on a baisé, on s'est retrouvé.»
«J’essaierais bien le pet play (miaw). Un rêve serait de tourner et réaliser un porno artsy avec des gens que j’aime bien, histoire que l’ambiance soit cool et mette à l’aise tout le monde (j’aimerais faire ça avant de vieillir). Et le shibari (jusque-là, j’ai toujours pratiqué le shibari comme un truc artistique et froid dénué de sexualité. On m’a fait comprendre que j’étais passée à côté du concept).»
«Je vis en ce moment un de mes fantasmes. J'ai un partenaire dominant, on fait du...soft BDSM? et j'en rêvais. En fait, je ne savais pas que j'en rêvais avant que ça m'arrive. Total abandon. Je dois être soumise et demander pardon quand je n'obéis pas bien. C'est un trip physique, mais émotif et presque spirituel. Et c'est fait dans un contexte où je lui fais confiance à 100%, car je le connais depuis des années.»
«Ayant tout vécu, vu et expérimenté au travail (car je suis escorte), je crois avoir réalisé la majorité de mes fantasmes. J’ai été avec des hommes, des couples, des femmes. J’ai pu vivre des orgies. Mais présentement, je crois sincèrement que mon fantasme le plus grand et le plus sincère serait de faire l’amour à quelqu’un que j’aime vraiment, et quelqu’un qui m’aime vraiment aussi. Que ce soit doux, que ce soit chaud, que ce soit rassurant. Et en sachant surtout qu’il ne me jugerait pas, qu’il ne me mentionnerait à aucun moment mon travail. Que ce soit juste sincère et plein d’amour.»
«Je me sens étrange de formuler ma réponse ailleurs que dans ma tête. Mais ça serait l'abstinence. Pas comme dans "attends le mariage, pécheresse", mais plus comme dans prendre le temps de se connaître et de connaître le corps de mon ou ma partenaire avant de me pitcher sur ses organes génitaux comme si ma vie en dépendait dans la minute. Les orgies, les trips BDSM, le voyeurisme/exhibitionnisme, etc, c'est ben l'fun, mais c'est pas un fantasme nouveau et excitant une fois que c'est fait. (Ça veut absolument pas dire que je vais jamais refaire rien de ça).
Mais j'ai le rêve récurrent d'être devant un.e partenaire. Nous sommes face à face, nu.e.s. Pis on se regarde. Toute. La. Fucking. Nuit. Juste d'y penser, j'ai des frissons dans tout le corps. Apprendre à découvrir et à désirer le corps d'un autre être humain, à l'observer, le deviner, le sentir de loin, avant de le toucher, le caresser, le goûter, le dévorer, et savoir que l'autre est aussi en train de m'apprendre et de me découvrir, ça me fait fondre, complètement. Genre, je suis un peu en lavette là.
Un autre truc, mais c'est pas vraiment un fantasme au sens sexuel pour moi. Faire un shooting boudoir, mais cette fois, imprimer en format affiche une photo et l'afficher chez nous. Juste pour le plaisir de me trouver belle, sensuelle, forte et désirable chaque jour, chaque fois que je passe devant. Ça serait/sera vraiment libérateur je crois!»
«Il y a 10 ans, c'était de voir mon chum coucher avec une autre femme, être vraiment submergé d'un désir sexuel, mais pas affectif. Aujourd'hui, ce serait de me permettre de vivre un trip avec un strap on.»
«J’ai un fantasme depuis des années! C'est de me faire double pénétrer (anal et vaginal). Mais c'est impossible. Mon transit intestinal est pas mal actif et mon alimentation est riche en fibres. Résultat : malgré de nombreux lavements, ça reste boueux… Et sans lavement, je ne suis pas capable d'apprécier l'anal.»
«Être concentrée sur un acte pas sexuel, comme faire la vaisselle ou mes impôts, lire un livre, tout en recevant du plaisir. Être contrainte de cacher mon excitation. J’ai déjà proposé à mon chum de me faire l’amour pendant que je jouais à un jeu au Nintendo. Il n’était pas confortable et je respecte ça.»
«En tant qu'auteur de romans érotiques, je devrais normalement vous raconter un fantasme ultra élaboré, gorgé de désirs et de tabous à transgresser, mais non, mon fantasme à vivre ce serait de passer une nuit, toute une nuit, à valser entre sexe, tendresse et discussions avec celle qui est ma meilleure amie, ma confidente et la personne la plus extraordinaire que je connaisse.»
«J’ai terriblement envie du conjoint d’une connaissance. Mais nous avons beaucoup de connaissances en commun et ça fouterait la merde. J’ai envie de me rapprocher subtilement et tranquillement de lui pour qu’il commence à me désirer. Je vois dans son regard que je commence à attiser son intérêt et ça m’excite encore plus. Cela dit, il m’attire plus qu’une envie sexuelle à assouvir. Je le veux au complet.»
«Embrasser une partenaire, moi la bouche pleine de sa cyprine, elle la bouche pleine de mon foutre.»
«Me faire prendre sauvagement dans un endroit public.»
«Une orgie de personnes non binaires où tout devient une surprise. Les référents de genres disparaissent. »
«Une femme de dix ou vingt ans de plus que moi. Me faire dompter un peu. J’ai toujours imaginé que plus on vieillit, moins il y a de tabous.»
Ce texte fait partie de Nouvelles intimes, un espace de liberté et d'exploration de sujets plus tabous en société. Pour ne manquer aucune édition de cette infolettre signée Mélodie Nelson et Natalia Wysocka, et pour lire nos parutions précédentes, suivez-nous sur Instagram au @nouvellesintimes et abonnez-vous au nouvellesintimes.substack.com. Des commentaires, des questions, une histoire à nous partager? Écrivez-nous au nouvellesintimes@gmail.com.