Ce qui est gênant de demander au lit
«J’ai dit à mes amis qu’ils n’avaient rien ressenti tant qu’ils n’avaient pas essayé ça.»
Photo par: Myriam Lafrenière
Texte par: Mélodie Nelson
Quand j’étais plus jeune, je tentais de trouver quelqu’un qui accepterait de tout essayer avec moi. Les fessées, les jeux de rôles, les corsets, son meilleur ami, les gifles, les cartes à jouer avec des dessins de positions sexuelles. Je pense que je n’ai jamais été gênée de demander quoi que ce soit au lit, sauf la permission de faire des miettes ou d’aller plus vite (après sept minutes maximum, je voulais écouter Melrose Place).
Pourtant, dans un article de Muscle and Fitness (mes recherches Google sont all over the place), une journaliste présumait qu’il y avait une multitude de propositions embarrassantes possibles. Elle énumérait donc ce que les femmes sont gênées de demander au lit. Ça allait de «la faire sentir spéciale» à «souhaiter que les mains et le pénis soient propres», en passant par «la regarder dans les yeux» et «savoir si son partenaire a une infection transmissible sexuellement».
Après avoir fait le vœu à 11h11 que tout le monde ait accès à des produits d’hygiène corporelle, je me suis tournée vers d’autres personnes afin qu’elles me révèlent ce qui les rendait angoissées comme invitation ou performance.
«Tout ce qui touche l’anus vient toujours avec une petite crainte paranoïaque au niveau de la propreté.»
«J’ai appris à demander ce que je veux. Je n'ai plus envie d'être sexuellement insatisfaite, alors j'essaie de m'arranger pour être satisfaite. Cependant, je ne suis pas totalement à l'aise d'aller explorer la prostate de monsieur. Faudrait que cela me soit demandé clairement, je crois.»
«Je suis toujours gênée de demander. Je me sens aussi trop insécure pour mettre de la lingerie, du cuir, du latex.»
«Jaime follement quand elle vient s’assoir sur mon visage, pour avoir tout son jus à lécher. Je suis gêné de le demander, mais c’est si bon.»
«Je n’ai jamais été capable d'oser danser pour quelqu’un.»
«Mon mari et moi sommes ensemble depuis douze ans. J’ai pris du poids. Les enfants ont changé mon corps. J’ai beaucoup de difficulté à m’accepter, ce qui me bloque dans ma vie sexuelle. Je travaille fort pour être capable de m’aimer comme je suis. C’est le travail d’une vie, apprendre à se réapproprier son corps et ses envies. Il y a tant de femmes que je trouve magnifiques, peu importe leurs rondeurs, parce que tout passe par leur estime. Même celles qui ont une shape de rêve restent dans l’ombre des autres si elles ne s’aiment pas. En tant que maman, j’ai l’impression qu’on oublie souvent qu’on est une femme aussi. Ça m’aide de prendre soin de moi. Ça me fait sentir bien.»
«Définitivement le pegging. Dans les forums sur le web, les femmes ont l’air super ouvertes, mais je n’en ai pas rencontré beaucoup qui sont réellement enthousiastes. J’ai appris à m’en passer, devant le peu d’enthousiasme quand je le demandais.»
«Tout ce qui touche au BDSM.»
«Pour l'instant, dans ma vie sexuelle, le côté anus et prostate de mon chum ne me tente pas du tout. Ça ne l’intéresse pas non plus, heureusement. Même pour moi, je ne sais pas encore si j’aime ça, après avoir essayé quelques jeux dans cette zone.»
«Je n’aime pas faire les premiers pas en général, mais je me dégourdis vite. Par exemple, j’étais gênée d’introduire des jouets dans mes relations avec mon chum, mais maintenant, nous avons beaucoup de plaisir.»
«Je ne me trouve pas convaincante, alors les jeux de rôles m’intimident beaucoup. Je me trouve ridicule.»
«Je suis très timide. Depuis quelques mois, j’ai décidé de tenter d’être plus à l’aise avec moi-même. C’est beaucoup une question de confiance en soi. Mon copain a toujours envie de moi, même après quatorze ans. Je sais qu'il est ouvert d'esprit. J'ai un très bon conjoint, mais le problème c'est ma propre acceptation de mon corps. Je crois que je suis sur la bonne voie.»
«Les golden shower.»
«M'asseoir sur la face de mon partenaire. Je suis très très self conscious et sous cet angle, j'ai l'impression que tout ce qu'on voit n’est pas cute.»
«Avant j’avais des complexes, mais j’aime mieux vivre ma vie sans ce type de contraintes.»
«J'ai fait beaucoup de théâtre dans ma vie, mais les petites mises en scène de chambre à coucher, ce n’est vraiment pas pour moi!»
«J’aime le dirty talk, mais je suis incapable d’y participer. J’ai peur d’être déplacé ou trop hardcore. J’aime la personne avec qui je suis en couple. J’ai beaucoup de respect pour elle. Quand j’étais célibataire, c’était plus facile, mais j’étais toujours respectueux.»
«Demander à ce qu’on me fouette.»
«J’ai toujours eu de la misère à demander, peu importe quoi. J’ai rencontré une nouvelle dame, avec qui ça me semble plus simple et mieux accepté, d’être moi-même. Aussi, j'ai compris qu'au pire, c'est un non et on passe à autre chose, tout simplement.»
«Je n’arrive pas à demander de faire des plans à trois ou à quatre, mais j’aimerais beaucoup. J’ai l’impression que ça vient inévitablement avec des problèmes de couple après.»
«Utiliser des jouets. On m’a déjà engueulée pour ça et j’ai craint de redemander à mes partenaires suivants. Maintenant, j’ai un blocage.»
«Avant, j’étais gênée de me masturber devant mon partenaire.»
«Un doigt dans l’anus. Tous les hommes devraient le faire. J’ai dit à mes amis qu’ils n’avaient rien ressenti tant qu’ils n’avaient pas essayé ça.»
«Je suis gêné, parfois, de demander si je peux éjaculer sur le visage.»
«Lui donner une ceinture pour qu’elle me sodomise.»
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très bon texte merci